La gestion des déchets ménagers constitue un enjeu majeur pour les collectivités françaises, financé principalement par la taxe d’enlèvement des ordures ménagères (TEOM).
En 2024, cette taxe concerne plus de 80% des communes françaises et représente une charge significative pour les locataires.
Entre obligations légales et modalités pratiques, comprendre le fonctionnement de la TEOM devient essentiel pour tout locataire.
1. La TEOM et la Redevance d’Ordures Ménagères : Comprendre les Différences
1.1 Qu’est-ce que la Taxe d’Enlèvement d’Ordures Ménagères ?

La taxe d’enlèvement des ordures ménagères s’inscrit dans le cadre des impôts locaux obligatoires. Elle permet aux collectivités de financer l’ensemble du service de collecte et de traitement des déchets ménagers sur leur territoire.
Prélevée annuellement avec la taxe foncière, elle présente la particularité d’être d’abord payée par le propriétaire, avant d’être répercutée sur le locataire dans le cadre des charges locatives.
Cette taxe trouve son fondement juridique dans l’article 1520 du Code général des impôts, qui autorise les communes à l’instaurer pour couvrir les dépenses liées à la gestion des déchets. Son caractère récupérable auprès des locataires est quant à lui encadré par la loi du 6 juillet 1989, texte fondamental régissant les rapports locatifs.
Points clés à retenir :
- Impôt local obligatoire dans les communes l’ayant instauré
- Prélevé annuellement avec la taxe foncière
- Basé sur la valeur locative cadastrale du logement
- Récupérable auprès des locataires

1.2 TEOM vs REOM : Les Services Concernés

Les collectivités disposent de deux options pour financer leur service de gestion des déchets. La TEOM, majoritairement choisie, se calcule sur la base de la valeur locative cadastrale du logement, indépendamment de l’utilisation réelle du service.
Cette approche assure une certaine stabilité des recettes pour les communes mais peut parfois créer des situations jugées inéquitables par les usagers.
La REOM, alternative moins répandue, fonctionne différemment. Calculée en fonction de l’utilisation effective du service, elle encourage une approche plus responsable de la production de déchets.
Cependant, sa gestion plus complexe et son caractère fluctuant expliquent sa moindre adoption par les collectivités.
1.3 Le Contexte 2024 : Des Évolutions Significatives

L’année 2024 marque une évolution importante dans la gestion de la TEOM. Les taux moyens observés oscillent désormais entre 3% et 20% selon les communes, avec une moyenne nationale s’établissant autour de 8%.
Cette variation significative s’explique par les différences de coûts de gestion entre territoires et par les choix politiques locaux en matière environnementale.
2. Comment Payer la TEOM : Obligations et Facturation
2.1 Qui doit Payer : Rôles du Propriétaire et du Locataire
Le paiement de la TEOM suit un processus particulier qui implique successivement propriétaire et locataire. Le propriétaire reçoit d’abord l’avis d’imposition avec sa taxe foncière et s’acquitte du montant total.
Dans un second temps, il peut légalement en demander le remboursement à son locataire, cette charge étant considérée comme récupérable par la loi.
2.2 Calcul et Montants
Le calcul de la TEOM repose sur un mécanisme précis, directement lié à la valeur locative cadastrale du logement.
Cette dernière sert de base à de nombreux impôts locaux et reflète théoriquement le niveau de loyer que pourrait produire le bien s’il était loué.
Pour la TEOM, seule la moitié de cette valeur est retenue comme base imposable. Cette base est ensuite multipliée par le taux voté par la collectivité territoriale.
En pratique, un appartement dont la valeur locative cadastrale est de 4000€ dans une commune appliquant un taux de 8% génèrera une TEOM annuelle de 160€ (4000€ × 50% × 8%).
Ce montant sera ensuite proratisé en fonction de la durée d’occupation du logement par le locataire au cours de l’année.

2.3 La Demande de Remboursement : Procédures et Délais

Le règlement de la TEOM par le locataire peut s’organiser de deux manières principales.
La première, et la plus courante, consiste à l’intégrer aux provisions mensuelles pour charges.
Le propriétaire estime alors un montant annuel qu’il divise en douze parts égales, ajoutées chaque mois aux charges locatives. Une régularisation intervient en fin d’année lorsque le montant réel est connu, pouvant donner lieu à un remboursement ou à un complément.
La seconde approche prévoit un remboursement direct après réception de la taxe foncière par le propriétaire.
Cette méthode nécessite une bonne communication entre les parties et une capacité du locataire à provisionner la somme. Le propriétaire doit alors fournir une copie de l’avis d’imposition justifiant le montant demandé.
2.4 Les Délais à Connaître
La gestion des délais constitue un aspect crucial du paiement de la TEOM.
Le propriétaire dispose d’un délai légal de trois ans pour réclamer le remboursement de cette taxe à son locataire, à compter de la date de paiement de la taxe foncière.
Ce délai de prescription protège les locataires d’éventuelles réclamations tardives tout en laissant un temps raisonnable aux propriétaires pour effectuer leur demande.
En cas de départ du locataire en cours d’année, la TEOM doit être proratisée en fonction de la durée réelle d’occupation.
Par exemple, un locataire quittant son logement au 31 mars ne devra que 25% du montant annuel.
Cette règle de proratisation s’applique également aux nouveaux locataires arrivant en cours d’année.
3. Situations Particulières et Contentieux
3.1 Cas Spécifiques
La gestion de la TEOM peut se complexifier dans certaines situations courantes.
La colocation, par exemple, nécessite une répartition équitable entre les différents occupants.
Généralement, la répartition s’effectue à parts égales entre les colocataires, sauf disposition contraire dans le contrat.
Un appartement occupé par trois colocataires verra ainsi chacun supporter un tiers de la TEOM.
Les logements meublés touristiques présentent également des particularités.
Dans ce cas, la TEOM est souvent intégrée directement dans le prix de la location, le propriétaire assumant sa gestion complète en raison des changements fréquents d’occupants.
Cette approche simplifie la gestion administrative tout en garantissant une couverture des frais.
3.2 Résolution des Litiges
Les désaccords concernant la TEOM surviennent régulièrement entre propriétaires et locataires.
Les points de friction les plus courants concernent le montant réclamé, le délai de la demande ou les justificatifs fournis.
Face à ces situations, une démarche structurée s’impose.
La première étape consiste toujours à vérifier la légitimité de la demande et l’exactitude des calculs.
Le locataire est en droit d’exiger une copie de l’avis de taxe foncière pour contrôler le montant réclamé.
En cas de désaccord persistant, la commission départementale de conciliation peut être saisie gratuitement avant toute action judiciaire.
4. Optimisation Écologique de la TEOM
4.1 Réduction à la Source

La maîtrise de la TEOM passe aujourd’hui par une approche environnementale responsable.
De plus en plus de collectivités mettent en place une tarification incitative, récompensant les foyers qui réduisent leur production de déchets.
En tant que locataire, adopter les bons gestes permet non seulement de participer à la préservation de l’environnement, mais aussi de réduire potentiellement le montant de sa contribution.
Le compostage des déchets organiques, par exemple, peut réduire jusqu’à 30% le volume des ordures ménagères.
De nombreuses communes proposent des composteurs à prix réduit ou gratuits, ainsi que des formations pour leur utilisation optimale.
Cette démarche s’inscrit parfaitement dans les objectifs de la loi Anti-gaspillage pour une économie circulaire (AGEC).
4.2 Solutions Innovantes
[Image : Photos de solutions modernes de gestion des déchets]
L’évolution technologique apporte de nouvelles solutions pour optimiser la gestion des déchets.
Les poubelles connectées, déployées dans certaines communes, permettent un suivi précis des volumes produits.
Certains immeubles s’équipent également de systèmes de tri sélectif intelligents, facilitant le geste de tri pour les locataires tout en améliorant la qualité du recyclage.
Des applications mobiles développées par les collectivités accompagnent désormais les usagers dans leur démarche de réduction des déchets.
Elles proposent des conseils personnalisés, des rappels des jours de collecte et même des systèmes de récompense pour les bons trieurs.
Cette digitalisation du service contribue à une meilleure sensibilisation et à une gestion plus efficace des déchets.
4.3 Impact financier des bonnes pratiques
L’adoption de pratiques écoresponsables peut avoir un impact significatif sur le long terme.
Dans les communes ayant adopté une tarification incitative, les foyers vertueux constatent une réduction moyenne de 15 à 20% de leur TEOM.
Ce système, encore peu répandu mais en plein développement, encourage concrètement les comportements écologiques.
La mutualisation des bonnes pratiques au niveau d’un immeuble peut également générer des économies d’échelle.
La mise en place d’un composteur collectif, l’organisation d’ateliers de sensibilisation ou encore la création d’un réseau d’échange entre locataires permettent d’optimiser la gestion des déchets à l’échelle du bâtiment.
5. Questions Fréquentes sur la TEOM
La TEOM est-elle obligatoirement mentionnée dans le bail ?
Non, la TEOM est récupérable par le propriétaire même si elle n’est pas explicitement mentionnée dans le bail. C’est une charge locative légalement récupérable selon la loi du 6 juillet 1989.
Quelle est la différence entre TEOM et taxe d’habitation ?
La TEOM finance spécifiquement la gestion des déchets ménagers, tandis que la taxe d’habitation est un impôt local général. De plus, depuis 2023, la majorité des foyers sont exonérés de taxe d’habitation, alors que la TEOM reste due.
La TEOM doit-elle être incluse dans les provisions mensuelles ?
Ce n’est pas une obligation, mais c’est une pratique recommandée qui permet d’étaler la charge sur l’année. Le propriétaire peut aussi demander un remboursement annuel sur présentation de la taxe foncière.
Que faire si le propriétaire réclame la TEOM plusieurs années après ?
Le propriétaire dispose d’un délai de 3 ans pour réclamer la TEOM. Au-delà, la demande n’est plus recevable. Le délai court à partir de la date de paiement de la taxe foncière.
Comment est calculée la TEOM en cas de colocation ?
En l’absence de précision dans le contrat, la TEOM est généralement répartie à parts égales entre les colocataires. Une autre répartition peut être prévue dans le contrat de colocation.
Que se passe-t-il en cas de départ en cours d’année ?
La TEOM est due au prorata temporis. Par exemple, un locataire partant le 30 juin ne devra que 50% du montant annuel. Le décompte précis doit figurer dans l’état des lieux de sortie.

Conclusion
La taxe d’enlèvement des ordures ménagères représente une composante importante des charges locatives qu’il est essentiel de bien comprendre pour tout locataire.
Si son paiement initial incombe au propriétaire via la taxe foncière, son remboursement par le locataire est encadré par la loi et fait partie intégrante des obligations locatives.
La bonne gestion de la TEOM passe aujourd’hui par plusieurs aspects : une compréhension claire du mécanisme de calcul, une communication efficace entre propriétaire et locataire, et de plus en plus, une approche écoresponsable de la gestion des déchets.
Les outils numériques et les nouvelles solutions de tri contribuent à optimiser cette charge tout en participant à l’effort collectif de préservation de l’environnement.
Pour les locataires qui souhaitent maîtriser cette charge, il est recommandé de :
- Privilégier les provisions mensuelles pour éviter une régularisation importante en fin d’année
- Conserver les justificatifs de paiement et les avis d’imposition
- S’informer sur les dispositifs de réduction des déchets proposés par sa commune
- Utiliser les outils numériques disponibles pour suivre et optimiser sa gestion des déchets
La TEOM, au-delà de son aspect financier, s’inscrit dans une démarche plus large de responsabilité environnementale collective, où chaque acteur – propriétaire, locataire et collectivité – a un rôle essentiel à jouer.